vendredi 24 avril 2020

Des nouvelles de la ferme de l'Huis Dupin à Gacogne

La ferme et ses réflexions

Nos pratiques qui relient l’éleveur à ses savoirs faire et qui lui apportent l’autonomie et lui permettent de se réapproprier son métier, sont les solutions pour l’avenir dans une conjoncture difficile pour l’élevage en particulier et l’agriculture en général.

Le mode d’élevage que nous pratiquons est respectueux des animaux, de l’environnement et de la santé. Pas d’OGM, pas d’ensilage de maïs, pas d’antibiotiques, pas d’antiparasitaires chimiques, pas de tourteaux de soja, pas d’enrubannage…
Nos bêtes, génisses et bœufs sont élevées en quatre ans et nourries à l’herbe et au foin avec un complément de céréales produites sur la ferme pour l’engraissement.
Pascal cultive 10hectares, blé, triticale/pois, sarrasin.
Nos porcs sont élevés en 9 à 11 mois. Ne sont pas vaccinés.

Nous privilégions le préventif plutôt que le curatif en ce qui concerne les soins.
Plutôt extensif et non surproductif, s’il n’est pas « à la mode », ce mode d’élevage est le seul pérenne et éthique.

Le flexitarisme, qui consiste à consommer moins de viande et choisir la qualité et la traçabilité (circuits courts et bonnes pratiques d’élevage), est à notre avis une bonne solution et nos clients sont nombreux à avoir choisi cette option.

La ferme et la sécheresse

Cette été a été particulièrement difficile dans notre région pour les éleveurs, notre mode d’élevage et nos pratiques , les prés arrosés par une rivière et bordés de haies ont permis de limiter la casse. Mais nous avons du acheter du foin pour passer l’hiver, les truies qui n’ont pas eu de petits, nous avons du acheter des porcelets, les récoltes de céréales désastreuses... tout cela mit bout à bout a fragilisé la ferme. Nous réfléchissons a diminuer le cheptel pour pallier les manques à gagner qu’engendrerait une troisième année de sécheresse.

La ferme et les animaux

Les bovins

Nous avons 30 mères/vaches et leur progéniture sur 4 années, veaux, veaux de 1 an, laitonnes, broutards, génisses etc. cela fait donc environ 120 bêtes à s’occuper et nous sommes sur 120 hectares.
Nous avons 28 highland catle du Parc Régional du Morvan (programme pour la préservation des zones para-tourbeuses de Montour, entre Brassy et Dun les places, à découvrir en ballade!), en pension l’hiver sur nos terres à Linières (commune de Mhère, village à côté) que nous venons d’acquérir pour accueillir le troupeau écossais sans impacter les prairies dédiées aux charolaises.

Les porcs

Nous avons 3 truies dont deux sont pleines en ce moment.
Nos cochons sont élevés en plein air, Pascal leur a construit des grandes cabanes confortables, ils mangent les céréales que nous achetons à la Cocebi, coopérative BIO à Nitry. Ils broutent aussi et mangent du foin !
Ils sont transformés et commercialisés en caissettes ou en rillettes et terrine à 9 mois. Âge adulte.
Cet « atelier porcs » permet de diversifier les activités de la ferme et de renforcer sa pérennité en vue d’une reprise au moment de notre retraite. Mais aussi de répondre à une forte demande de la part de nos clients pour une viande de porc de qualité et un élevage éthique pour la santé, pour l’environnement et pour le bien être animal. L’un ne va pas sans l’autre évidemment !

La ferme et l’abattoir

Le jour de l’abattage (15 jours avant la découpe pour les bovins, la veille pour les porcs, Pascal transporte le matin de bonne heure l’animal à l’abattoir de Corbigny (15kms). Ainsi le temps entre son lieu de vie et le couloir de contention est réduit au maximum.
Cet outil de proximité menacé de fermeture sera repris en 2020 par un consortium qui a été créé par un entrepreneur et l’association d’éleveurs, de bouchers et de consommateurs (EBE), à cet effet. Ce modèle fondé surla traçabilité, les attentes des clients, la qualité de la viande, le respect de
l’environnement, le bien être animal, le respect et la formation des ouvriers et la juste rémunération du travail de l’éleveur se devra d’être pionnier et visionnaire en la matière.
Nous vous tiendrons au courant…
Nous faisons toujours partie du collectif national « quand l’abattoir vient à la ferme » . Nous pensons que l’un n’empêche pas l’autre et que pour le territoire il est important de garder cet outil de proximité (abattoir de Corbigny) qui représente un enjeu économique et social important et s’érige comme alternative face aux gros groupes comme Bigard qui aimerait être le seul acteur dans la filière.

La ferme et la découpe

Chaque mois, le camion « boucher » ambulant vient à la ferme pour la découpe , la mise sous vide, l’étiquetage et le conditionnement en caissettes. Nous avons la chance d’avoir une découpe fine de qualité grâce au savoir faire de Martial , le boucher.

La ferme et vous

Nos priorités, vous l’avez compris, sont :
le bien être de nos animaux, même si nous en connaissons l’issue inéluctable et des gens. Pascal est un éleveur né et il est reconnaissant de pouvoir vivre grâce et avec les animaux, d’un métier qu’il adore et dont il a hérité de ses aïeuls.
Mais aussi, notre environnement, la nature qui nous entoure et qui nous fait vivre au sens propre et au sens figuré.
Cette nature dont il est temps de prendre soin autant ici qu’au niveau planétaire. Si les constats ne sont pas optimistes, l’espoir et la motivation pour les générations futures, restent notre moteur.

Et l’ économie circulaire, la vente directe un moyen alternatif de bien se nourrir, de se réapproprier et de préserver nos territoires, de maintenir les métiers et les savoirs faire.

Et puis, il y a vous, les consommateurs, nos clients, qui nous suivez depuis plus ou moins longtemps mais de manière constante. Fidèles, curieux, exigeants, indulgents et précieux, nous sommes encore et avec plaisir à votre écoute pour répondre à vos questions et entendre vos critiques constructives.

Nous ouvrons depuis 2019, la ferme chaque samedi matin.
Nous avons choisi de vendre les produits de producteurs locaux afin que vous puissiez faire quelques courses au même endroit, avoir des produits de qualité en circuit court et pour que des initiatives de ce type fleurissent en Morvan et dans la Nièvre.
Les œufs du poulailler mobile de David de Taconnay, les légumes de Valentine et Antonio de Brassy, le miel de Philippe de Brassy, et nos produits, peut-être des nouveautés en 2020 ?!

Voilà vous savez tout ou presque , on continue de parler de vive voix de toute façon.

Muriel et Pascal